SI LA MAIRIE NOUS ÉTAIT CONTÉE...

        La construction d'un grand équipement dans une commune déclenche toujours des polémiques. Il y a ceux qui le jugent indispensable, ceux qui trouvent que c'est de l'argent gaspillé, ceux qui le verraient bien ici, ceux qui le verraient bien là...Le projet de construction d'une" maison d'école de garçons" et d'une Mairie à St Laurent des Eaux n'échappe pas à la règle.

 

        "La question de la reconstruction de l'école pour les garçons et d'une Mairie sur un autre emplacement ou de son maintient sur l'emplacement actuel (actuelle école Ste Thérèse), est depuis plusieurs années l'objet de controverses et de divergences d'opinions assez vives, soit dans le pays de St Laurent, soit au sein même du Conseil Municipal. Si l'on considère l'importance de la dépense qu'entraîne un semblable projet, l'importance non moins grande du choix d'un emplacement approprié aux véritables intérêts scolaires de la commune, on ne saurait s'en étonner". C'est ainsi que commence le rapport sur "la question de la maison d'école", rapport réalisé par une commission constituée lors de la séance du Conseil municipal du 18 septembre 1881.

La Mairie entre 1909 et 1922
La Mairie entre 1909 et 1922

Mais revenons à 1876, car c'est cette année là que la question fut soulevée pour la première fois. Après bien des discussions, le Conseil émettait, le 15 mai 1878, "l'avis qu'au point de vue économique et des avantages de la situation de l'école, la préférence devait être accordée à l'emplacement actuel avec agrandissement sur le voisinage, et sollicitait l'ouverture d'une enquête pour connaître le sentiment du pays".

 

L'enquête "de commodo et d'incommodo" eut lieu et donna les résultats suivants: sur 125 personnes ayant donné leur avis, 110 se prononcèrent pour le maintien du local actuel, 10 pour la reconstruction sur l'emplacement Bidron (emplacement de l'actuelle Mairie) et 5 émirent des avis divers.

 

Conformément au résultat de cette enquête, le Conseil dans sa séance du 17 novembre 1878, se prononça pour le maintien du local actuel par 7 voix contre 5. Cet avis est confirmé le 4 juin 1879, "effrayé surtout, dit la délibération, de l'importance des dépenses qu'occasionnerait la reconstruction".

 

Mais l'inspection académique estime l'emplacement actuel insuffisant pour l'agrandissement de l'école et souhaite la construction d'une nouvelle école. Le Conseil est à nouveau saisi de la question les 15 février et 27 juin 1880, et par 8 voix contre 6, à regret, émet cette fois, un avis favorable à l'emplacement Bidron. A la suite de cette décision, une nouvelle enquête est réalisée en septembre 1880.

 

Mais sans attendre son résultat, il poursuit les démarches pour une implantation sur l'emplacement Bidron. Le 3 septembre 1880, il lance une procédure d'expropriation. Au cours de cette séance, le Conseil, "considérant que les héritiers de cet immeuble sont actuellement en désaccord, qu'il peut en résulter un retard préjudiciable à l'accomplissement du projet formé par la commune, et que l'un des deux, surtout, s'oppose formellement à la vente, que d'un autre côté, l'emplacement de la chapelle (elle se trouvait à l'angle de la rue St Germain et de la CD 951, sur la rue St Germain actuelle) appartenant à M. Perrin Cyrille et celui de la grange à M. Dubreuil sont utiles à l'établissement de la nouvelle classe, que ces deux emplacements avec la grange et la chapelle sont estimés par eux 4 500F l'un et 4 000F l'autre, prix reconnus par la commune comme exagérés, le Conseil décide de poursuivre l'acquisition de ces trois immeubles par voie d'expropriation pour cause d'utilité publique, la commune pouvant espérer par ce moyen une diminution sur le prix de la chapelle et de la grange". Le Conseil vote ensuite et par 8 voix contre 3 demande au Préfet de lancer la procédure d'expropriation.

 

Le 4 octobre, le Conseil est à nouveau réuni pour examiner le résultat de la 2ème enquête publique. "Tout en maintenant ses regrets manifestés antérieurement de ne pouvoir conserver l'emplacement actuel de l'école, ne trouvant pas dans les opinions exprimées dans l'enquête des motifs pour modifier sa détermination, le Conseil persiste dans le maintien de ses délibérations du 15 février, 27 juin et 3 septembre 1880. Toutefois, visant les craintes exprimées dans l'enquête et la protestation y annexée, quant au chiffre élevé des dépenses et aux craintes de voir le devis dépassé, prie M. le Préfet de demander à M. le Ministre de l'Instruction Publique et au Conseil général une subvention aussi élevée que possible....."Le Maire avait proposé aux plus imposés, dans sa délibération du 11 Mai dernier, d'emprunter à la caisse des écoles 30 000F, ce qui aurait exigé une imposition supplémentaire de 10 centimes (l'imposition actuelle est de 50 centimes), mais cette proposition a été rejetée.

 

La Mairie en 1909
La Mairie en 1909

Le 14 novembre 1880, au cours d'une réunion extraordinaire, le Maire propose au Conseil et aux "plus imposés" l'emprunt de 30 000F pour la maison d'école, et de 3 000F pour la Mairie. Le premier emprunt serait fait auprès de la caisse des écoles et remboursé en 30 ans, le second, auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations et remboursé en 10 ans. Les avis sont partagés car sur 18 votants, 9 votent les emprunts, et 9 votent contre.

 

En janvier 1881, la Préfecture accorde une subvention de 21 000F pour la construction de la maison d'école à l'emplacement BIDRON. Mais en janvier, ont également lieu les élections municipales. Celles ci n'entraînent que peu de modifications parmi les Conseillers, mais le 23 janvier, Paul CAILLARD est élu Maire à la place de Michoux PERRIN. A noter que Paul CAILLARD est Chevalier de la Légion d'Honneur.

 

Le 3 avril 1881, le Conseil rouvre le dossier. Le Préfet demande en effet que, d'urgence, le Conseil décide s'il accepte les prix proposés par Cyrille PERRIN et DUBREUIL pour la vente de leurs immeubles ou s'il recourt à l'expropriation. Le Conseil ne prend pas de décision et prévoit une autre réunion en mai avec "les plus imposés".

 

Les deux assemblées se retrouvent le 15 mai et doivent absolument prendre une décision suite à la mise en demeure du Préfet. Le Maire propose donc à nouveau le vote des emprunts pour l'implantation de l'école et de la Mairie sur l'emplacement BIDRON et de la Chapelle, le vote du 14 novembre 80 ayant donné autant de pour que de contre. Cette fois, 14 Conseillers sont contre la proposition et seulement 12 pour. Le Maire propose alors à nouveau le vote des emprunts mais pour une installation de l'école et de la Mairie à l'emplacement BUREAU (à l'angle de la CD 951 et de la rue des Vieux Fossés, sur la cour de Mr et Mme AUBERT), nouveau projet qu'il a proposé en cours de séance. 10 Conseillers se retirent alors, et parmi les 16 restants, 13 sont en faveur du nouveau projet, 2 contre et 1 s'abstient.

 

Mais les administrations préfectorale et académique, pourtant pas réputées pour leur rapidité, commencent à trouver le temps long et à s'impatienter. Après avoir pris l'avis du Conseil Général et de l'inspecteur primaire, Monsieur VENOT, le Préfet prend, le 11 juin 1881, un arrêté pour faire un emprunt au nom de la commune de St Laurent des Eaux afin de construire la maison d'école sur l'emplacement BIDRON. Mais le 16 août, il fait machine arrière et reporte son arrêté, celui ci n'ayant pas été précédé d'une délibération régulière du Conseil Général. Cette assemblée est convoquée et le Préfet invite le Maire à prendre une décision rapidement, avant qu'elle ne soit imposée.

 

Le 18 septembre 1881, le Conseil se réunit donc à nouveau en séance extraordinaire, suite à la demande du Préfet. Le Maire souhaite que le nouveau Conseil soit informé des diverses propositions d'implantation et des arguments favorables ou défavorables à chacune d'elles, et pour cela, propose la constitution d'une commission d'étude. Celle ci est composée de Mrs POTONNIER, CHASSAIGNE, LORIN de CHAFFIN, BLAIN et JOHANET.

 

Le 30 octobre 1881, la commission d'étude présente son rapport au Conseil.

 

Le rapporteur annonce d'entrée, que bien que le Conseil, les plus imposés et une grande partie de la population souhaitent maintenir l'école sur l'emplacement actuel en l'agrandissant, la commission a estimé qu'il valait mieux ne pas lutter contre les autorités préfectorales et académiques, surtout qu'une subvention de 21000F a été promise. Il faut également tenir compte de l'obligation scolaire qui va augmenter le nombre d'élèves. Mais si elle préconise la reconstruction de l'école, elle propose de le faire sur l'emplacement BUREAU (emplacement qui a également l'avis favorable de l'architecte, Monsieur POUPART) et non plus sur l'emplacement BIDRON. Le rapporteur dit son espoir que l'autorité supérieure ayant satisfaction sur le construction d'une nouvelle école ne fera pas de difficultés sur le choix d'un autre emplacement.

 

"Dans l'un et l'autre projet, l'ancienne chapelle sise près la route de Blois et aujourd'hui utilisée en nature de grange est destinée à disparaître. Sa situation offre de véritables inconvénients, elle est même une cause de danger." La commission estime à 3000F l'achat du bâtiment et envisage de réutiliser les matériaux pour la construction de la nouvelle école. Suit une comparaison détaillée des avantages et inconvénients des deux sites.

 

La construction sur l'emplacement BIDRON fait que la cour est située sur le coté gauche de l'école, "ce qui fait à l'oeil un ensemble de cours disgracieux, et de plus l'instituteur n'a sur cette cour, de son habitation, qu'une vue oblique", ce qui est mal pratique pour la surveillance des élèves. "L'emplacement projeté est entouré de maisons aux murs élevés, et sans admettre qu'il n'est pas aéré, on peut espérer trouver à la campagne un emplacement plus favorisé du point de vue de la salubrité", et les bâtiments seraient trop près de la route (environ 3 mètres). La surface du terrain n'est que de 1 400m², "et par suite de l'obligation de l'instruction, une population scolaire de 140 élèves pour chacun desquels les règlements prescrivent un espace de 10m, ce qui ne permettrait aucune extension intérieure et ne procurerait aucun espace pouvant servir de jardin à l'instituteur." Pour remédier au défaut de configuration et au manque de surface, il faudrait envisager d'acheter l'immeuble RABIER et les jardins BUREAU et THIVIERGE, contigus au terrain BIDRON, ce qui entraînerait un surcoût.

 

La Mairie et la place de la Mairie avant 1922
La Mairie et la place de la Mairie avant 1922

Enfin, la situation géographique de l'emplacement a plusieurs inconvénients. "Le règlement dit que le terrain doit être d'un accès facile et loin de tout établissement bruyant. Or l'emplacement BIDRON est voisin des divers cafés du pays et des bals publics. Son accès surtout est des plus critiquables. La future construction serait située contre la rue de la Guinguette d'un côté, et près de la rue de St Germain de l'autre côté. Cette dernière rue conduit à un abreuvoir communal où la généralité des bestiaux du pays se rend habituellement. Les bestiaux fréquentant la route s'y rendent en grand nombre, ceux revenant de la plaine de Briou ou y allant y vont aussi. Le contact et la rencontre de ces troupeaux avec des enfants entrant à l'école ou en sortant, des enfants jeunes, âgés de 5 à 7 ans, constituerait un inconvénient majeur. Et il est même un danger sérieux, qu'il est d'une prudence ordinaire d'éviter: le terrain a été occupé jadis par un cimetière et ça ne pourrait offrir que des inconvénients au point de vue salubrité."

 

Côté avantages, un membre de la commission a avancé "que l'emplacement BIDRON est plus central que l'autre, mieux situé du point de vue du groupement des habitations du pays, avantageusement situé sur la grande route, vis à vis d'un chemin vicinal, la construction présenterait un aspect plus monumental."

 

La commission conclut "que pour la construction d'une maison d'école, il vaut mieux prendre en considération les avantages pour les enfants que la satisfaction des yeux et l'embellissement de la voie publique."

 

Suit l'étude de l'emplacement BUREAU SAMSOM. Il est situé plus au centre de la commune "donc des hameaux comme ceux de Maulnes, Grandchamp, Mocquebaril et Chaffin. Les jeunes venant de ce côté tous les matins à l'école auront environ 200m de moins à faire, soit 400m aller et retour. Les bâtiments construits entre cour et jardin sont peu distants de la voie publique et s'offriraient agréablement au regard. L'école serait ainsi séparée suffisamment de la voie publique dont elle évite les inconvénients, sans l'en éloigner de trop cependant et l'empêcher de s'offrir à la vue. L'école plus centrale si l'on considère l'ensemble de la commune est tout de même située dans le centre principal du Pays. Elle est éloignée des lieux publics dont le voisinage est néfaste aux jeunes enfants, mais surtout, elle est établie dans des conditions de configuration, d'étendue, d'aération et de salubrité vraiment exceptionnels pouvant répondre à toutes les exigences du présent, mais encore, si besoin en est, aux nouvelles nécessité de l'avenir."

 

Le terrain disponible a une surface de 4400m² environ, alors que 2000m² seulement sont nécessaires pour l'ensemble du projet, et la maison de l'instituteur pourrait être séparée de l'école. Seul petit problème: un égout passe à proximité du terrain, mais il pourrait être dévié sans difficulté.

 

La commission préconise donc le choix de l'emplacement BUREAU et , à l'appui de sa décision présente une lettre de l'architecte présentant tous les avantages de cet emplacement.

 

La commission présente ensuite le volet financier. "Dans les deux projets, pour la construction de l'école, la dépense serait sensiblement la même, puisque c'est le même plan fourni par l'architecte, Monsieur POUPART, qui sera exécuté à peu de chose près." Les derniers devis donnent pour l'école 40 000F et pour la Mairie 3 800F, en tout 43 800F en utilisant les vieux matériaux.

 

Maintenant voyons le prix des terrains dans l'une et l'autre hypothèse.

 

"Dans le cas de l'emplacement BIDRON, le prix demandé par les héritiers PICARD (11 000F) et par le sieur DUBREUIL (4000F) forment un total de 15 000F. Pour l'autre hypothèse, il faut acheter l'immeuble BUREAU en entier et une grange y attenant appartenant à un sieur RILLY BUREAU."

 

Deux membres de la commission ont évalué les biens à acquérir. "La grange propriété RILLY BUREAU est estimée au maximum à 1500F. L'ensemble BUREAU est évalué à 10 000F se décomposant ainsi: 44ares (4400m²) de terre à 80F l'are, prix paraissant suffisant (3520F) et les bâtiments (6480F). Même si ces prix devaient être légèrement augmentés au cas de défaut d'entente amiable et d'expropriation nécessaire, nous sommes loin des 15 000F de l'emplacement BIDRON." De plus, toute la surface de terrain n'étant pas utilisée, une partie resterait libre soit pour une autre utilisation, soit pour une revente.

 

La commission, en conclusion, présente un projet de délibération demandant la construction de "la maison d'école de garçons" et de la Mairie sur l'emplacement BUREAU. Le Conseil vote et c'est l'emplacement BUREAU qui est choisi par 8 voix, sept choisissant l'autre emplacement. Toutefois, "les membres de la minorité désirent qu'il soit bien constaté que c'est par pure courtoisie pour leur collègue qu'ils ont pris part aux nouvelles discussions et aux différents votes nouveaux. Ils considèrent ce débat comme remettant en question la chose jugée. En effet, le vote du 27 juin 1880, l'approbation préfectorale, celle du Conseil Académique et du Conseil Général, les pouvoirs donnés à l'ancien Maire pour traiter avec les héritiers BIDRON, l'allocation de 21 000F accordée par l'Etat lui ont toujours semblé une adoption définitive de ce projet."

 

Le 9 novembre, le Préfet envoie une lettre au Maire. Son contenu n'est pas copié dans le registre, mais elle doit donner l'ordre au Conseil de rester sur la première décision et de faire avancer le dossier, car le 11 décembre 1881, le Conseil et les plus imposés se réunissent pour voter la somme 30 000F destinée à la construction de l'école de garçons. Sur les 20 bulletins exprimés, 12 refusent le vote des 30 000F, et 8 sont d'accord. "Aussitôt après le dépouillement, Mrs LORIN DE CHAFFIN, GON et JOHANET et quelques membres demandent que soit inséré au procès verbal de la séance, que ce vote soit entendu dans le sens où il ne refuse pas la reconstruction de la maison d'école, mais seulement la préférence de cette majorité pour la reconstruction sur l'emplacement BUREAU."

 

Le 28 mars 1882, la loi sur l'enseignement obligatoire est promulguée. Le 18 mai 1882, conformément à la directive préfectorale, le Conseil élit 1/3 de ses membres à la commission scolaire "qui devra dresser la liste des enfants de 6 à 13 ans et surveiller et encourager la fréquentation scolaire". Elle est composée de Mrs FAFET, POTONNIER, HASLE, GERVAISE, FOUCHE.

 

Le Maire, Paul CAILLARD, réunit le Conseil en session extraordinaire le 24 septembre 1882 pour lui lire une lettre du Préfet en date du 14 août dernier.

 

Le Monument aux Morts remplace la statue de Jeanne d'Arc en 1922
Le Monument aux Morts remplace la statue de Jeanne d'Arc en 1922

Etant donné que la proposition de l'emplacement BUREAU pour y construire l'école n'a eu qu'une petite majorité, vu les lenteurs subies par cette affaire et l'urgence d'une construction nouvelle rendue indispensable par l'état de l'école actuelle, "Monsieur le Ministre de l'instruction publique a jugé inutile une nouvelle instruction et maintien l'approbation donnée au projet BIDRON. L'opposition municipale va mettre l'administration dans la nécessité de procéder d'office pour l'autorisation de l'emprunt auquel la commune doit recourir. D'autre part, cette situation est de nature à entraîner sinon la suppression au moins la réduction de la subvention ministérielle et cette mesure aurait pour conséquence d'augmenter le sacrifice à imposer à la commune."

 

Voilà le Conseil au pied du mur. Le Maire met chaque Conseiller devant ses responsabilités mais garde l'espoir que les terrains prévus ne permettent pas une construction répondant à la réglementation. Sur les 14 Conseillers présents, 8 acceptent le projet BIDRON, 3 le refusent, 3 votent blancs. Les 30 000F seront empruntés à la caisse des écoles. Le 12 novembre, le Conseil vote à l'unanimité un emprunt de 3000F à 4% auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations, pour construire la Mairie. Il entérine également les actes à passer avec les héritiers BIDRON.

 

Le 11 février 1883, une commission chargée des négocier avec Mrs DUBREUIL, BIDRON et Cyrille PERRIN l'achat des terrains nécessaires à la construction de l'école. Mrs FAFET, CHASSAIGNE, PERRIN et TREMELLE sont élus. Le 4 Mars nouvelle réunion pour examiner les promesses de vente des terrains et bâtiments. La grange DUBREUIL est achetée 3600F, la chapelle PERRIN 3500F et les terrains des héritiers BIDRON 11 000F. Le prix est jugé élevé, mais maintenant on veut aller vite et ne pas perdre de temps en procédure d'expulsion.

 

Le 14 mai 1883, le conseil décide d'appliquer une directive du Ministre de l'Instruction Publique du 14 juin 1882, directive qui rend obligatoire la prise en charge du chauffage des classes par les Municipalités suite à l'obligation de la scolarité. Le Conseil vote une somme de 200F pour les 2 classes, soit un abonnement de 0,8F par élève. (ce qui veut dire qu'il y aurait 250 enfants scolarisés à St Laurent?)

 

Dans la même séance, le lot peinture vitrerie est attribué à VILLARD Désiré, peintre à Blois, car c'est lui qui fait le plus fort rabais.

 

Le 1er juillet 1883, le Conseil adjuge les matériaux de démolition des bâtiments qui occupaient l'emplacement de la future école à divers acquéreurs pour un total de 361F. Il accepte également la proposition de l'architecte de faire une toiture à crochet pour un supplément de 89,50F. Celle ci n'a pas été faite au début, car ce type de fixation faisait encore l'objet d'un brevet. Le brevet étant levé, cette solution devient abordable présente des garanties de solidité plus grande.

 

Le 5 août 1883, le Conseil entérine l'adjudication respective des lots maçonnerie et charpente à Mrs Athanase BUREAU et Emile FROGER, tous deux entrepreneurs à St Laurent des Eaux, et vu leur honorabilité, les dispense du versement de leur cautionnement.

 

Le 11 novembre 1883, le Conseil, vu l'avancement des travaux et les acomptes versés, demande au Ministre de l'Instruction publique de débloquer la subvention de 21 000F, car les 33 000F d'emprunts votés par le Conseil sont épuisés.

 

A partir de cette séance, Paul CAILLARD ne préside plus le Conseil et il est remplacé par son adjoint Jules POTONNIER. Est-il malade? Décédé? A t il démissionné? Aucune indication dans le registre, mais en Mai 1884, ont lieu de nouvelles élections municipales et il n'est pas élu. C'est Michoux PERRIN qui redevient Maire.

 

Le 17 août 1884, les travaux sont à peu près terminés, mais on a oublié dans les devis, l'installation d'une grille pour fermer la cour de récréation. Il est donc décidé d'en installer une pour 520F. On décide également la construction d'un trottoir devant l'école pour 225F. Le Conseil demande au Maire de faire hâter les formalités et les travaux restants pour que tout soit terminé le 21 septembre, et on prévoit l'inauguration. Une dépense de 370F est prévue, se répartissant ainsi: pour les pompiers 200F, pour les illuminations et ornements des rues 150F, pour les pauvres 20F, le feu d'artifice étant offert par Mr PERRIN, percepteur à Châteaudun. Le Conseil mandate le Maire "pour que la fête soit la plus belle possible."

 

Le nouveau bâtiment abrite l'école des garçons, la Mairie et l'appartement de l'instituteur. Sa construction a coûté 54 348,30F, mais un rabais de 4645,21F a été consenti par les entrepreneurs. L'achat des terrains se monte à 18 960F, toutes indemnités comprises. Mais un nouvel emprunt de 10 500F à 6,18% sera lancé en 1886 pour payer le solde des travaux. L'école des filles, reste installée rue de l'église, à l'emplacement de l'actuelle salle du 3ème Age. Elle est gérée par des religieuses. En 1886, la loi de laïcisation des écoles de filles est votée, avec un délai de 5 ans pour l'appliquer. Mais en mai 1889, une directive préfectorale tombe et l'école de filles, qui compte 12 élèves, devient laïque. Le Conseil rend un vibrant hommage aux soeurs qui s'occupaient de l'école des filles et de l'hôpital depuis plus de 30 ans.

 

Mais revenons un peu en arrière. Le 23 août 1885, le Conseil demande "que le bâtiment servant de logement à l'instituteur, aux archives de la Mairie, de classe et de Mairie est maintenant très vieux et que depuis l'année dernière il est inhabité, et qu'il parait devoir être inutile à la commune" décide la vente avec une mise à prix de 4000F. Une enquête publique est lancée et le 27 janvier 1886, la mise en vente est décidée par 6 voix contre 5. L'adjudication a lieu le 18 avril 1886 mais il n'y a aucune trace de son résultat dans le registre.

 

En 1971, devant l'accroissement de la population lié à la construction de la centrale, le groupe scolaire actuel est construit. La Mairie occupe alors tout le bâtiment, mais avec le développement de la commune et des formalités administratives, un agrandissement est devenu indispensable. La commune rachète la maison de Mr et Mme QUERVEL et les travaux commencent en septembre 2000. Le nouveau bâtiment est inauguré le 13 octobre 2001, à l'aube du nouveau millénaire.

 

 

Petite anecdote: Le 8 juillet 1888, le "parc scolaire" de la commune se décompose de la façon suivante: 1 école de garçons à 2 classes, 1 école de filles à 2 classes et 1 école de hameau à Mocquebaril à 1 classe. Le préfet propose la création d'une 3ème classe à l'école de garçons, mais "le Conseil est unanime à s'y opposer car le nombre des garçons d'âge scolaire pour 1887-1888 est de 94, nombre qui ne parait pas nécessiter la présence de 3 maîtres...

 

                                                                   Jean Pierre LAPEYRE