"LES SINGES NE POSENT PAS DE QUESTIONS"

          Lise de BAISSAC

 

Le 13 mai 1940, l'armée allemande envahit la France. En un temps record tout le nord du pays est occupé. Le 17 juin, Orléans tombe, le 22 la fin des combats est signée à Rethondes et le 25, le cesser le feu est effectif. La France est coupée en deux: une zone occupée par les Allemands au nord, une zone administrée par le gouvernement du Maréchal Pétain au sud.

 

Mais quelques Français n'acceptent pas cette occupation et des groupes s'organisent soit pour effectuer des sabotages, soit pour fournir aux Alliés des renseignements sur les troupes allemandes.            

 

Les FTP (Francs Tireurs et Partisans), issus des groupes de

défense du Parti Communiste, les FFL (Forces Françaises Libres),

 

créées par le Général de Gaulle, les FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) et bien d'autres moins connus entreront dans la résistance et prendront une part très active à la libération du pays.

 

La livraison d'armes et de matériel aux maquis, le départ de renseignements, l'arrivée d'agents secrets nécessitent de nombreux parachutages et atterrissages clandestins et leur organisation représente une part importante de l'activité des groupes de résistants.

 

          A partir du 24 septembre 1942, c'est un terrain de notre commune qui servit pour la réception de résistants et de matériels parachutés pour les maquis de la région. "Les singes ne posent pas de questions": c'est le message que lance la radio de Londres le 21 septembre 1942 pour annoncer le parachutage de deux personnes  au dessus de Nouan, au Petit Bois Renard. Mais l'opération rate car le terrain est mal balisé et le pilote repart en Angleterre avec ses passagers. Le lendemain, le message est à nouveau diffusé, et le 24 septembre, Andrée BOREL et Lise de BAISSAC sautent au Petit Bois Renard sur un terrain qui appartenait alors à M. DUTEMS, maire de Mer. Ce sont les premiers agents féminins à être parachutés en France.

 

          Les deux résistantes seront réceptionnées par les membres du réseau "Prosper Adolphe" créé par le major SUTTIL. Ce réseau est alors dirigé par Pierre CULIOLI, gendre de M. DUTEMS et les deux fils de ce dernier en font partie. Elles seront amenées dans la famille BOSSARD à Avaray qui abritait les agents avant leur départ pour le maquis ou l'Angleterre.

 

          Andrée BOREL devient membre du réseau "Prosper Adolphe" et sera arrêtée par la Gestapo le 21 juin 1943 puis déportée à Mauthausen. Lise de BAISSAC restera deux ou trois jours dans la région et partira vers Poitiers où elle créera son propre réseau clandestin.

 

Jusqu'au 10 janvier 1943, sept autres agents et du matériel atterriront au même endroit, puis d'autres sites seront choisis et c'est au total une vingtaine d'agents et une grosse quantité d'armes et de matériel qui furent parachutés ou déposés après atterrissage dans le département.

 

Les quatre derniers agents à être parachutés au dessus de St Viatre, le 15 mai 1944, organisent quarante parachutages d'armes et de matériel qui vont permettre d'armer 3 000FFI qui participeront à la libération de la région.

 

          Quant au réseau "Prosper Adolphe", il réceptionnera le 17 juin 1943, à Rilly sur Loire, son dernier agent. Il s'agit de Pierre RAYNAUD. Le 21 juin 1943 le réseau tombe et la Gestapo arrête une grande partie de ses membres à Dhuizon. Jean et Guy DUTEMS, le Major SUTTIL, Andrée BOREL et bien d'autres sont déportés à Mauthausen où ils périront. La moitié du matériel est saisie mais une partie est sauvée et permettra d'armer les maquisards qui participeront à la libération de Blois.

 

 

Lise de BAISSAC et le Maire, Jean Pierre LAPEYRE

 

          Samedi 21 septembre 2002, on célébrait le 60ème anniversaire du parachutage d'Andrée BOREL et de Lise de BAISSAC. Une quinzaine de parachutistes de l'Ecole des Troupes Aéroportées de Pau, sous le commandement du Colonel Patrick CHAMPENOIS a sauté à cette occasion (avec des parachutes bien plus perfectionnés que ceux de 1942) et atterri avec une précision étonnante. Les parachutistes ont sauté sur un terrain situé à quelques dizaines de mètres du terrain où avait eu lieu le saut de 1942, ce dernier étant maintenant traversé par une ligne à haute tension.

La cérémonie a eu lieu en présence de Lise de BAISSAC, devenue Mme VILLAMEUR, âgée de 97 ans en 2002. Organisée par le commandant Lynda ROSE et le FANY (First Aid Nursing Yeomanry) corps d'infirmières de l'armée anglaise, cette cérémonie a rassemblé de nombreuses personnes qui avaient vécu ces parachutages, en particulier Jean DECK de Bracieux, qui balisait les terrains d'atterrissage, André BOSSARD, fils de M. et Mme BOSSARD, qui enfant, voyait transiter les résistants dans la maison paternelle à Avaray.

Les parachutistes de l'Ecole des Troupes Aéroportées de Pau et du FANY